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COTE D’IVOIRE : Alassane Ouattara – Les raisons d’une candidature pour un 4e mandat

Par Janvier Njikam
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Le Président sortant Alassane Ouattara, a annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle ivoirienne d’octobre 2025. Dans une déclaration faite via les réseaux sociaux et reprise à la télévision publique (RTI), Ouattara 83 ans a  »décidé d’être candidat à l’élection présidentielle » justifiant cette décision par la nécessité de préserver la stabilité nationale face aux défis « sécuritaire, économique et monétaire sans précédent ».

Investi comme candidat du RHDP (Rassemblement des houpouëtistes pour la Démocratie et la Paix), parti au pouvoir, réuni en Congrès en juin dernier à Abidjan, AlassaneOuattara avait servi une réponse qui entretenait le flou sur ses intentions réelles. En déclarant qu’il se prononcerait « dans les jours qui viennent », le président ivoirien avait maintenu le suspense sur sa candidature controversée pour un quatrième mandat à la tête de la Côte d’Ivoire.

« Je vous ai compris. Je vous remercie pour votre confiance. Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion, une décision en mon âme et conscience », a-t-il répondu aux militants qui ont longuement acclamé sa désignation comme candidat du RHDP.

L’oppostion dénonce

Les dirigeants de l’opposition ont rapidement dénoncé la mesure, accusant le gouvernement de manipuler le processus électoral pour exclure les principaux rivaux. L’ancien Président Laurent Gbagbo, l’ex-Premier ministre Guillaume Soro et l’ancien ministre Tidjane Thiam ont tous été radiés de la liste électorale, ce qui les rend inéligibles.

Les tensions se sont encore intensifiées aujourd’hui après que les autorités ont interdit une manifestation pacifique prévue pour le 7 août, le jour de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. La manifestation, organisée par des groupes d’opposition, visait à exiger un audit indépendant de la liste électorale et la réintégration des candidats disqualifiés. Pour Tidjane Thiam,  »l’annonce faite aujourd’hui par M. Ouattara constitue une violation de notre Constitution et une nouvelle attaque contre la démocratie ».

« Ce n’est pas un hasard si cette déclaration intervient le même jour où les autorités ont annulé une manifestation pacifique contre la régression démocratique actuelle » a estimé le leader du PDCI-RDA. « Ce président et son gouvernement ont dépassé les limites que la constitution ou la patience des ivoiriens leur permettent. Une parodie d’élection en octobre, ou l’interdiction de manifestations pacifiques, ne suffiront pas à masquer cette réalité » a-t-il dénoncé.

Une réponse intrigante

Pour Arthur Banga, analyste politique ivoirien, ce choix de différer sa réponse était juste une stratégie visant à choisir un moment plus propice pour annoncer sa candidature au peuple ivoirien. « Derrière cette réaction, il y a une stratégie de Ouattara de chercher une occasion plus solennelle de s’adresser aux Ivoiriens au-delà de son camp politique, le RHDP, pour annoncer sa candidature » dit M. Banga.

« Vous vous rappelez que c’était le cas en 2020. Il avait renoncé devant le parlement réuni en congrès en mars 2020 à se présenter, avant d’annoncer sa candidature le 06 août 2020 dans son adresse à la nation. Il est dans cette même dynamique, s’adresser aux Ivoiriens dans un moment solennel », fait-il remarquer. Pour lui, « le scénario le plus probable à 90 voire 95 %, ce sera la candidature de Ouattara ». Un scénario qui s’est confirmé avec cette candidature déclarée.

Vue générale des partisans du président ivoirien Alassane Ouattara au stade olympique d'Ebimpe lors de la clôture du congrès du RHDP à Abidjan le 22 juin 2025.
Légende image,Vue générale des partisans du président ivoirien Alassane Ouattara au stade olympique d’Ebimpe lors de la clôture du congrès du RHDP à Abidjan le 22 juin 2025.

Sur fond de jeux d’alliance

Tout récemment, le Parti des Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI) de l’ancien président Laurent Gbagbo et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, Rassemblement Démocratique africain (PDCI-RDA) de Tidjane Thiam ont lancé le Front commun, une nouvelle coalition pour fédérer leur lutte politique. Les deux formations exigent la réintégration de leurs leaders sur la liste électorale, le rééquilibrage de la Commission électorale indépendante (CEI), jugée inféodée au RHDP au pouvoir.

Pendant ce temps, le RHDP a renoué le dialogue avec la Cap CI ( la coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire) dirigée par l’ancienne première dame Simone Ehivet Gbagbo. Les deux parties avaient convenu de discuter de toutes les questions relatives au processus électoral dans les jours ou semaines à venir.

La présidentielle ivoirienne va se dérouler selon toute vraisemblance sans les leaders significatifs de l’opposition. L’ancien président Laurent Gbagbo, a été exclu de la liste électorale à cause de sa condamnation par la justice ivoirienne dans le cadre de la casse de la BCEAO (Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest ) lors de la crise politique de 2010-2011.

Il en est de même pour Charles Blé Goudé aussi condamné à 20 ans de prison pour son rôle dans la même crise politique qui a fait près de 3000 morts. Quant à Tidjane Thiam, leader du PDCI, il est écarté de la liste électorale pour cause de nationalité française dont il s’était prévalue. Tidjane Thiam a par la suite renoncé à sa nationalité française.

Une interprétation de la constitution qui divise

« Oui, je suis candidat parce que la Constitution de notre pays m’autorise à faire un autre mandat et ma santé le permet », a déclaré le président Ouattara. La polémique relative à sa candidature à la présidentielle ivoirienne pour la quatrième fois a démarré en 2020 lorsqu’il briguait un troisième mandat.

Fortement contesté dans la rue à l’époque par l’opposition, le 3eme mandat avait été validé par le Conseil constitutionnel qui estimait que le changement constitutionnel intervenu en 2016 avait rebattu les cartes en matière de mandats à cause de la non-rétroactivité de la loi.

La décision de M. Ouattara marque un changement radical par rapport aux promesses antérieures de confier le pouvoir à une nouvelle génération de dirigeants. Il évoque également des souvenirs de violences électorales précédentes — y compris le conflit post-électoral de 2010-2011 qui a fait plus de 3 000 morts, et les troubles déclenchés par sa candidature controversée à un troisième mandat en 2020.

Pour les partisans du RHDP, cette quête du 4e mandat est dans l’ordre normal des choses, alors que pour l’opposition, cette candidature potentielle est perçue comme une « dérive ». Cissé Ibrahima Bacongo, Secrétaire Exécutif du RHDP, salue  »le sens élevé et de la responsabilité » du président Ouattara.  »Cette déclaration tant attendue et espérée par la grande majorité des Ivoiriennes et Ivoiriens marque un moment historique » dit-il.

Plus de 8,7 millions d’électeurs sont inscrits. Des groupes de la société civile et des dirigeants religieux, y compris la Conférence des évêques catholiques, ont exprimé leur inquiétude face à la polarisation politique croissante, avertissant du risque d’une reprise de la violence.

source: bbc.com/afrique

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