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TURQUIE : Le Parti des travailleurs kurdes (PKK) annonce sa dissolution après plus de 40 ans de lutte armée

Par Fadimatou Bintou
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Le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé lundi 12 mai sa dissolution officielle, mettant fin à plus de quatre décennies de lutte armée contre l’État turc, a rapporté l’agence prokurde ANF. Le 9 mai, PKK avait déjà annoncé avoir tenu son congrès, en vue de sa dissolution, « avec succès ». La Turquie a salué « une étape historique et encourageante ».

« Le 12e Congrès du PKK a décidé de dissoudre la structure organisationnelle du PKK et de mettre fin à la méthode de lutte armée », a annoncé dans un communiqué le groupe armé kurde, qui avait indiqué plus tôt s’être réuni en congrès la semaine dernière.

Comme attendu, le PKK annonce la fin de son existence en tant qu’organisation et la fin de la lutte armée. Le groupe proclame avoir « accompli sa mission historique » et l’entrée dans une « nouvelle ère », celle de la « résolution de la question kurde par la voie de la politique démocratique », rapporte notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer.

Cette décision n’est qu’une première étape d’un chemin qui s’annonce long et difficile. Le PKK affirme que la mise en œuvre de sa décision exige « que le droit à la politique démocratique soit reconnu et qu’une garantie juridique solide soit mise en place ». Il appelle le Parlement turc à ses responsabilités.

La Turquie et les pays voisins saluent la décision

La Turquie a salué « une étape historique et encourageante » qui « nous rend très fiers de notre pays », a martelé le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan. « Je considère cette décision comme très importante, pour la paix et la stabilité permanentes dans notre région, a insisté le ministre devant la presse. « Bien sûr, il faudra prendre des mesures pratiques et nous les suivrons de près », a-t-il assuré.

Le président du Kurdistan irakien salue une décision qui renforce la stabilité dans la région. La décision du PKK « témoigne d’une maturité politique et ouvre la voie à un dialogue qui favorise la coexistence et la stabilité en Turquie et dans la région », a déclaré Nechirvan Barzani dans un communiqué, ajoutant qu’elle « jette les bases d’une paix durable qui mettrait fin à des décennies de violence, de douleur et de souffrance ».

À Damas, le ministre des Affaires étrangères de ce pays, qui abrite une importante communauté kurde, a félicité la Turquie pour « l’accord » avec le PKK, saluant un « moment charnière ».  « Au nom de la République arabe syrienne, je félicite le gouvernement turc et son peuple pour le récent accord avec le PKK », a déclaré Assaad al-Chaibani lors d’une conférence de presse conjointe avec ses homologues turc et jordanien à Ankara. Le chef de la diplomatie syrienne a estimé que « cette étape représente un moment charnière non seulement pour la sécurité intérieure de la Turquie, mais aussi pour la stabilité de notre région dans son ensemble ».

La Commission européenne a appelé toutes les parties à « saisie l’occasion » pour œuvrer à la paix. « L’Union européenne considère que le lancement d’un processus de paix crédible, visant à trouver une solution politique à la question kurde, constituerait une étape positive pour parvenir à une solution pacifique et durable », a déclaré un porte-parole de l’exécutif européen, Anouar El Anouni.

Le ministre des Affaires étrangères allemand a salué cette dissolution, qu’il a qualifiée d’« étape importante » vers la fin de la violence en Turquie. L’annonce du PKK « est une étape importante pour mettre fin à la spirale de terreur et de violence qui sévit depuis des décennies (en Turquie) et dans la région. Une mise en œuvre complète et un processus politique sont nécessaires pour parvenir à une solution viable », a estimé le ministère sur son compte X.

Un an de négociations

Cette étape majeure est le résultat de plus d’un an de négociations entre l’État et Abdullah Öcalan, le fondateur emprisonné du PKK, depuis 26 ans sur l’île-prison d’Imrali, au large d’Istanbul.

Le 27 février, le chef historique du PKK, Abdullah Öcalan, avait appelé son mouvement à déposer les armes et mettre fin à une guérilla qui a fait plus de 40 000 morts depuis 1984. Cet appel d’Abdullah Öcalan, faisait suite à une médiation initiée à l’automne par le principal allié du président Recep Tayyip Erdoğan, le nationaliste Devlet Bahçeli, via le parti pro-kurde DEM.

Le PKK avait répondu favorablement le 1er mars à l’appel de son chef historique, annonçant un cessez-le-feu immédiat avec les forces turques. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan avait alors estimé que l’appel d’Abdullah Öcalan était une « opportunité historique » pour les Turcs et les Kurdes, qui représentent selon certaines estimations 20 % des 85 millions d’habitants de la Turquie.

Des avancées, mais pas de modalités encore connues

Officiellement, les autorités turques n’ont rien promis, mais elles ont laissé entendre que la disparition effective du groupe armé ouvrirait la voie à des avancées dans des domaines qui touchent de près à la question kurde. Dans l’immédiat, cette annonce ne dit rien des modalités pratiques du désarmement et du sort des combattants du PKK, notamment de ses chefs militaires installés dans le nord de l’Irak. Des points critiques qui ont, sans aucun doute, déjà été négociés entre Ankara et l’organisation.

La fin de la lutte armée, si elle est effective, alimente l’espoir d’une résolution pacifique de la question kurde en Turquie. Au sein de la minorité kurde, qui représente environ 15 % de la population du pays, les attentes sont à la hauteur de l’enjeu. « L’État turc a épuisé toutes les méthodes de répression des Kurdes. Les disparitions forcées, les villages brûlés, les gardes à vue, la prison… Il a tout essayé ! La seule chose qu’il n’ait jamais tenté, c’est la paix. Nous sommes à un moment de l’Histoire où nous avons besoin de vivre ensemble et en paix, enfin », explique Ilyas, kurdes vivant à Ankara.

« J’ai confiance en Abdullah Öcalan. Si quelqu’un peut amener la paix, c’est lui et lui seul. Mais pour l’instant, j’ai l’impression que seuls les Kurdes font des concessions. Pour que ça marche, il faut que les deux parties fassent des gestes », souligne de son côté Seracettin. « Ce serait tellement bien, si vraiment la paix s’installait, si nous pouvions retourner dans nos villages. Turcs et Kurdes, nous vivrions vraiment en frères. J’espère que la paix permettra une amnistie générale et le droit à l’éducation en langue kurde », termine Ferzan.

Pour Ahmet Insel, économiste et politologue spécialiste de la Turquie, cette déclaration annonce un changement de stratégie politique de la cause kurde. « Cette appellation en lien avec une organisation terroriste tombe à l’eau », explique-t-il.

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