Dans la vidéo diffusée par la chaîne de télévision russe RT, la seule d’ailleurs à couvrir l’événement, on voit le chef rebelle centrafricain sortir d’un avion à l’aéroport de Bangui, menottes aux poignets. Armel Sayo qui portait un sac au dos, était habillé d’un t-shirt jaune. Il souriait.
Cet homme, qui avait menacé le régime actuel en Centrafrique de le renverser, a été extradé de Yaoundé vers Bangui dans la nuit du 5 mai dernier. Cette extradition intervient quatre (04) mois après son arrestation au Cameroun.
« Le chef rebelle Armel Sayo, ancien ministre de la République Centrafricaine et chef du groupe armé Coalition militaire pour le salut du peuple (CMSRP), a été transféré de Yaoundé à Bangui », a indiqué la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (COSI) dans un communiqué rendu public.
Il a été arrêté en janvier dernier grâce à une opération conjointe de la police camerounaise, des services de renseignement du RCA et de la COSI, une organisation proche des autorités russes, qui opère en Centrafrique depuis un moment.
Armel Sayo, selon les autorités centrafricaines, était en fuite. Il est recherché pour son implication présumée dans plusieurs attaques violentes contre les Forces armées de Centrafrique (FACA) dans le Nord-Ouest du pays.
Il a été arrêté par la police camerounaise à l’aéroport de Douala alors qu’il s’apprêtait, le 17 janvier dernier, à prendre un avion pour se rendre en France.
Selon les informations, le chef rebelle est actuellement détenu à la prison militaire de haute sécurité du camp Roux dans le centre-ville de Bangui. Il a, avant cela, été auditionné à la direction générale de la police.
Qui est Armel Sayo, le chef rebelle centrafricain ?

Armel Mingatoloum Sayo, autrefois proche du régime de Bangui, est devenu chef d’une rébellion armée l’année dernière en Centrafrique.
Il a mis en péril les efforts de paix, selon les autorités centrafricaines, en prenant la tête d’un groupe de rebelle dénommé « Coalition militaire pour le salut du peuple et de redressement (CMSRP) » avec qui il a mené « plusieurs opérations déstabilisatrices ».
C’est un militaire et homme politique centrafricain. En 2019, il a été nommé ministre des Réformes de l’Etat, après un accord de paix entre le gouvernement central et plusieurs groupes armés. Accusé de soutenir les rebelles, il a été démis de ses fonctions en 2021.
Bien avant cela, Armel Sayo a aussi occupé le portefeuille de la Jeunesse et des Sport en 2014, et confirmé à ce poste en 2015.
Il a été directeur de la sécurité de l’ancien président Ange-Félix Patassé. Il a également dirigé l’Union des forces armées centrafricaines pour la restauration de la démocratie (UFACARD) aux côtés du général Abdoulaye Miskine.
Aussi, il était à la tête de l’une des composantes de l’Union, le Comité national pour la restauration de la démocratie en RCA (CNRD).
Cet ancien ministre, devenu chef rebelle, est sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé contre lui par le gouvernement centrafricain depuis l’année dernière.
Que reproche-t-on à Armel Sayo ?
L’ancien ministre avait repris les armes l’année passée en menaçant de renverser le régime actuel. Pour le moment, les charges retenues contre lui n’ont pas encore été communiquées officiellement.
Mais les autorités centrafricaines l’accusent de « tentative de coup d’Etat et de menace de déstabilisation ». Si ces charges sont confirmées, le chef rebelle risque la prison à vie.
Armel Sayo est confié à la justice centrafricaine et devra répondre de ses actes devant les juridictions de son pays. Il a été extradé vers Bangui après de longues procédures judiciaires entre le Cameroun et la Centrafrique.
Toute la Centrafrique est donc dans l’attente de ce procès qui va s’ouvrir dans les jours à venir.
Selon le correspondant de BBC Afrique à Bangui, des membres de la famille du chef rebelle et d’autres personnalités proches de lui ont été aussi arrêtés et détenus depuis janvier dernier.
Les tentatives pour joindre l’avocat d’Armel Sayo n’ont pas pu aboutir. Selon les informations, il sera présenté au procureur de la République ce jeudi. Ce dernier lui fera connaître les charges retenues contre lui. Le chef rebelle pourrait alors avoir un avocat à la suite de ce face-à-face avec le ministère public.