Le gouvernement de François Bayrou a été publié ce lundi 23 décembre, en fin d’après-midi. L’ex-Première ministre, Élisabeth Borne, devient ministre d’État en charge de l’Éducation nationale. Manuel Valls rentre au gouvernement, où il sera ministre d’État en charge des Outre-mer. Gérald Darmanin est nommé ministre d’État en charge de la Justice. Jean-Noël Barrot reste ministre des Affaires étrangères. Sébastien Lecornu est confirmé au ministère des Armées, et Bruno Retailleau, à l’Intérieur. Éric Lombard devient ministre de l’Économie. Le premier Conseil des ministres du gouvernement Bayrou se tiendra le 3 janvier.
Ce gouvernement, le quatrième depuis le début l’année, est l’épilogue d’une dizaine de jours de tractations entre le Premier ministre, François Bayrou, et Emmanuel Macron. Les négociations bloquaient sur l’attribution des portefeuilles de l’Économie, de la Justice et des Affaires étrangères. En cette veille des fêtes de Noël, la France se recueille lors d’une journée de deuil national pour Mayotte ravagée par le cyclone Chido.
Élisabeth Borne et Manuel Valls entrent au gouvernement
Deux anciens Premiers ministres, Elisabeth Borne et Manuel Valls, ont été nommés ministres d’État, respectivement en charge de l’Éducation nationale et des Outre-mer. Élisabeth Borne, qui a quitté Matignon en janvier, aura dans son portefeuille l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la Recherche. Manuel Valls, absent de toute fonction gouvernementale depuis son départ de Matignon en décembre 2016, hérite d’un très gros portefeuille où il devra notamment gérer la situation à Mayotte et en Nouvelle-Calédonie.
Trois mois après avoir quitté l’Intérieur. Gérald Darmanin retourne au gouvernement, également avec rang de ministre d’État, en charge de la Justice, poste initialement proposé par M. Bayrou à Xavier Bertrand.
Bruno Retailleau reconduit à l’Intérieur, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères
Le républicain (LR) Bruno Retailleau a été reconduit au ministère de l’Intérieur. Le centriste (MoDem) Jean-Noël Barrot est confirmé aux Affaires étrangères et le macroniste (Renaissance) Sébastien Lecornu aux Armées. Catherine Vautrin reste par ailleurs au gouvernement, mais elle passe du ministère des Territoires au portefeuille de la Santé, des Solidarités et des Familles. À 64 ans, cette proche de Nicolas Sarkozy renoue donc avec un poste quasiment similaire à celui qu’elle avait occupé de janvier à septembre sous le gouvernement Attal avant de prendre le portefeuille des Territoires en septembre sous le gouvernement Barnier. L’ex-LR Rachida Dati reste ministre de la Culture.
Le directeur de la Caisse des dépôts et consignations, Éric Lombard, va accéder au ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. Il sera épaulé par la macroniste Amélie de Montchalin chargée des Comptes publics, au moment où la France affronte l’une des pires crises budgétaires de son histoire récente. Parmi les autres portefeuilles économiques, Laurent Marcangeli (Horizons) sera chargé de la Fonction publique. Annie Genevard (LR) conserve pour sa part l’Agriculture.
François Bayrou s’est dit, sur le réseau social X (ex-Twitter), « très fier » de son gouvernement, « un collectif d’expérience pour réconcilier et renouer la confiance avec tous les Français ».
Refus de suspendre ou de geler la réforme des retraites
Interrogé par BFM TV après l’annonce de la composition de son gouvernement, le Premier ministre, nommé il y a une dizaine de jours, a indiqué qu’il ne solliciterait pas la confiance à l’Assemblée sur sa déclaration de politique générale. Il a défendu ses choix et appelé à « sortir du constat d’impuissance ». Le Premier a plaidé lundi pour un retour de l’objectif de déficit public « autour » de 5% ou « un peu plus » en 2025, là où son prédécesseur Michel Barnier avait mis la barre à 5%.
François Bayrou a aussi dit refuser de suspendre ou de geler la réforme des retraites de 2023, comme le demande la gauche, après avoir proposé jeudi aux forces politiques de rouvrir une discussion sur cette réforme pendant neuf mois. Quant à l’immigration, François Bayrou a expliqué ne pas vouloir « de grande loi » sur l’immigration qu’il juge « destinée à faire, en fait, de la communication ». « Priorité à l’exécution et à l’application des mesures qui ont été votées », a déclaré le Premier ministre.
Xavier Bertrand n’est pas dans le gouvernement « formé avec l’aval de Marine Le Pen »
Juste avant l’annonce de son gouvernement, Xavier Bertrand, le président Les Républicains de la région Hauts-de-France, dont le nom circulait pour le ministère de la Justice, a annoncé qu’il ne sera pas dans le gouvernement, « formé avec l’aval de Marine Le Pen ». « Le Premier ministre m’a informé ce matin, contrairement à ce qu’il m’avait proposé hier, qu’il n’était plus en mesure de me confier la responsabilité du ministère de la Justice en raison de l’opposition du Rassemblement national. En dépit de ses nouvelles propositions, je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen », écrit Xavier Bertrand dans un communiqué.
De nominations de Premiers ministres en remaniements, la classe politique française s’est habituée à devoir patienter au gré des ajustements de calendriers de l’exécutif. François Bayrou, 73 ans, quatrième Premier ministre en 2024, compose un gouvernement de poids lourds, à même d’éviter la censure, espère-t-il, avec à la fois des personnalités de droite, du centre et de gauche.
Source : rfi.fr