Au Nigeria, le Parti démocratique Populaire (PDP), l’opposition officielle, n’a jamais été si affaibli, depuis qu’il a perdu le pouvoir en 2015 face au Congrès des Progressistes (APC). En jouant sur les divisions internes du PDP, le président Bola Tinubu a notamment réussi à reprendre la main dans les États pétroliers d’Edo et de Delta, et même dans la région de Rivers. Et ce sont tous les bastions de l’opposition dans le Sud qui pourraient finalement tomber entre les mains de l’APC, menaçant la survie même du PDP.
La route jusqu’aux élections de 2027 au Nigeria s’annonce ardue pour le PDP, forcé de se réinventer après la défection surprise du gouverneur de l’État de Delta, de son prédécesseur, et de tous leurs lieutenants, qui ont rejoint en début de semaine la majorité présidentielle… Le président Bola Tinubu a estimé que ce retournement régional en faveur de l’APC constituait « un tsunami politique (…) sans précédent dans l’histoire du pays ».
En face, le PDP et ses alliés accusent le chef de l’État et ses proches de vouloir mettre la main sur les ressources pétrolières du delta du Niger, en « annexant » progressivement chaque État fédéré de la région.
Dans l’État de Rivers, Bola Tinubu a déclaré l’état d’urgence et le gouverneur PDP, Siminalayi Fubara, a été suspendu pour six mois et remplacé par un administrateur militaire nommé par Abuja. Et après l’État de Delta, c’est Akwa Ibom qui chancelle puisque son gouverneur a suggéré dans une métaphore filée qu’il pourrait lui aussi quitter le PDP qu’il juge « défectueux », pour « monter à bord d’un autre vol » d’ici à 2027.
Certains observateurs pointent la responsabilité surtout d’Atiku Abubakar, le chef du PDP, qui a exacerbé les divisions au sein de sa formation politique.