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RDC-RWANDA : Le contenu de la déclaration de principes signée à Washington

Par Janvier Njikam
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Sous la médiation des États-Unis, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé, vendredi 25 avril, à Washington, une déclaration de principes. Ce document est présenté comme une étape importante dans la relance du processus de paix.

Ce n’est pas encore un accord de paix. Ce n’est même pas encore un projet d’accord, mais la déclaration de principes signée vendredi 25 avril par les ministres rwandais et congolaise des Affaires étrangères définit un cadre, une base, en vue d’un avant-projet d’accord attendu pour le 2 mai.

Parmi les points essentiels à retenir figure la reconnaissance mutuelle de la souveraineté et de l’intégrité territoriale. Il s’agit là d’un point sensible, car Kinshasa a toujours considéré le conflit actuel comme une agression extérieure et les rapports d’experts de l’ONU évoquent la présence d’au moins 4 000 soldats rwandais sur le sol congolais, depuis la réapparition du M23, ce que Kigali dément catégoriquement. De son côté, le Rwanda accuse les FARDC, l’armée congolaise, de collaborer avec les FDLR, un groupe armé hostile à Kigali, et rappelle que son propre territoire a subi plus de trente attaques depuis 1997, dont plus de vingt depuis 2018.

Dans ce document, les deux pays s’engagent à ne plus soutenir de groupes armés non étatiques. Même si la déclaration ne les cite pas nommément, il s’agit, selon des experts, de l’AFC-M23 pour le Rwanda, et des FDLR pour la RDC.

Autre point majeur, celui de la coopération économique et minière. Kinshasa et Kigali veulent encadrer l’exploitation des ressources naturelles, renforcer la transparence et attirer des investissements mutuellement bénéfiques, notamment américains. L’objectif affiché consiste à transformer l’économie régionale en s’appuyant sur des mécanismes déjà existants.

Enfin, la déclaration prévoit la facilitation du retour des déplacés et réfugiés. Le Rwanda affirme héberger aujourd’hui au moins 100 000 réfugiés congolais.

Si, à ce stade, la reconnaissance du respect de l’intégrité territoriale de chacun, l’engagement de bannir toute action ou discours remettant en question la validité des frontières, ou encore celui de ne plus fournir de soutien militaire à des groupes armés non-étatiques semblent plutôt profiter à la RDC, le Rwanda n’est pas en reste. Selon plusieurs experts, l’intégration de la question du commerce dans le secteur minier à la déclaration représente en effet plutôt un avantage pour Kigali qui profite d’une certaine avance dans ce domaine, voire se positionne déjà comme un hub régional. Alors que le pays est équipé d’une fonderie d’étain, d’une raffinerie d’or et d’une raffinerie de tantale, l’accord en perspective pourrait lui permettre de renforcer encore sa capacité à traiter localement des minerais stratégiques.

Les réactions vacillent entre espoir et méfiance

Après la signature de cette déclaration de principes entre la RDC et le Rwanda, les premières réactions n’ont pas tardé, oscillant entre espoir affiché et méfiance assumée. Il y a d’abord eu celle de Donald Trump, le président des États-Unis, dont le rôle de faiseur de paix pourrait se trouver renforcer si le processus va à son terme. Le président américain évoque une « grande nouvelle en provenance d’Afrique ». Sans nommer directement le conflit, celui-ci a affirmé : « Nous avons accompli un travail sans précédent pour le résoudre ou pour le mettre sur la voie de la paix. Restez à l’écoute ! ». Un travail qui pourrait permettre aussi à Washington d’obtenir un accès direct à certaines régions minières stratégiques comme le Sud-Kivu où l’installation de société commerciales américaines pourraient se trouver faciliter… 

Autre réaction, celle du Qatar, impliqué dans le processus. Doha parle d’« une avancée positive et importante en vue de favoriser la stabilité et la paix dans la région ». Le pays insiste sur le respect mutuel de la souveraineté des deux nations et sur un engagement clair en faveur d’un règlement pacifique et négocié des différends.

Mais tous ne partagent pas cet enthousiasme. Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, se montre réservé. Il rappelle la résolution 2773 du Conseil de sécurité, adoptée en février, qui impose déjà un cessez-le-feu immédiat, le retrait des forces rwandaises et la fin du soutien au M23.

Pour Denis Mukwege, ces mesures sont claires, relèvent du droit international et doivent être appliquées, sans conditions supplémentaires. Il alerte aussi sur le danger des compromis insuffisants, face à un conflit qu’il qualifie de profondément enraciné, internationalisé, marqué par des crimes majeurs, des millions de victimes et l’une des pires crises humanitaires du monde.

Une question se pose donc désormais : les engagements pris à Washington seront-ils réellement respectés sur le terrain ? En d’autres termes, représentent-ils une avancée réelle, susceptible d’ouvrir la voie à une désescalade durable entre deux voisins aux relations profondément tendues ?  

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