L’arrangement spécial qui a favorisé les pays africains dans leurs échanges commerciaux avec les États-Unis au cours des 25 dernières années sera mis à mal par l’imposition par les États-Unis de nouveaux droits de douane sur les importations dans le pays.
Les exportations de pétrole brut de pays comme le Nigeria, le Ghana, le Gabon et l’Angola, ainsi que les produits textiles du Kenya, de Madagascar et du Lesotho seront les plus touchés par les futurs échanges entre les pays africains et les États-Unis. Pour la Côte d’Ivoire, il s’agirait des exportations de cacao, tandis que pour l’Afrique du Sud, ce sont les exportations de véhicules et de métaux précieux qui seraient touchées.
L’année dernière, en 2024, les pays africains ont exporté pour 39,5 milliards de dollars de marchandises vers les États-Unis. Mais il ne s’agissait pas d’un commerce unilatéral, puisque les États-Unis ont également exporté pour 32,1 milliards de dollars de marchandises vers l’Afrique, soit une augmentation de 11,9 % (3,4 milliards de dollars) par rapport à 2023. Toutefois, les exportations africaines vers les États-Unis ne représentaient que 6,4 % des exportations totales du continent en 2022, selon la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), et ce commerce a connu un déclin au cours de la dernière décennie.
Une grande partie de ce déclin a été attribuée à l’augmentation de la production de pétrole de schiste aux États-Unis, qui a réduit la nécessité d’importer du pétrole brut des pays africains, qui était la principale exportation du continent. La loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (Agoa) avait donné aux exportateurs africains un accès en franchise de droits au marché américain pour de nombreux produits dans des conditions bien définies.
Mais avec la dernière annonce du président américain Donald Trump sur les droits de douane – une politique de grande envergure qui impose un droit de douane minimum de 10 % sur toutes les importations et des taux plus élevés pour certains pays -, l’avenir de l’Agoa est soudainement incertain. Les nouveaux tarifs douaniers touchent des pays du monde entier, y compris une vingtaine de pays africains dont les exportations seront soumises à un taux plus élevé que le taux fixe de 10 %.
Dans des pays comme le Lesotho, Madagascar et l’Afrique du Sud, où les exportations vers l’Amérique alimentent des secteurs clés, notamment le textile et les véhicules, les entreprises s’efforcent d’évaluer les dommages potentiels. Pour d’autres pays, les exportations de cacao et de pétrole brut seront plus touchées.
L’impact sur les pays africains
Environ la moitié des pays d’Afrique seront soumis au tarif forfaitaire de 10 %, mais d’autres, comme le Nigeria et l’Afrique du Sud, verront leurs exportations soumises à des tarifs plus élevés, de 14 % et 30 % respectivement. Le pays le plus touché en Afrique sera le Lesotho, dont les exportations sont désormais soumises à des droits de douane de 50 %, tandis que le secteur de l’habillement de Madagascar sera soumis à des droits de douane écrasants de 47 %.
Mais l’impact sur les pays variera, en particulier pour ceux qui exportent plus vers les États-Unis que d’autres. Les exportations totales de l’Afrique du Sud vers les États-Unis ne représentaient que 8 % de ses exportations totales en 2024, selon les données du gouvernement. Et si les véhicules représentent la majeure partie des exportations sud-africaines vers les États-Unis, seuls 11 % des exportations de véhicules du pays étaient effectivement destinés aux États-Unis en 2022, selon la Banque mondiale.
Mais les États-Unis affirment que l’Afrique du Sud applique des droits de 60 % sur certaines importations d’automobiles américaines, ce qui a conduit à l’imposition de droits de douane « de rétorsion » de 30 % sur les exportations sud-africaines. Par ailleurs, si le Nigeria a exporté pour 3,5 milliards de dollars de marchandises vers les États-Unis en 2022, principalement du pétrole brut, cela ne représentait qu’environ 5 % de ses exportations totales.
La tendance est la même dans toute l’Afrique, où les exportations globales ne sont pas principalement destinées aux États-Unis. Mais il y a certains produits tels que les textiles pour lesquels certains pays – comme le Lesotho, Madagascar, le Kenya – ont des industries construites autour de l’exportation de leurs produits vers les États-Unis. Selon le bureau du représentant américain au commerce, un classement des pays africains par exportations et produits dans le cadre de l’Agoa en 2022 a montré :