Le président américain Donald Trump a ordonné la suspension temporaire de toute aide militaire à l’Ukraine jusqu’à ce que le gouvernement de Kiev « démontre un engagement de bonne foi en faveur de la paix », ont déclaré des responsables de la Maison Blanche aux médias américains.
Une source de l’administration Trump a déclaré à Bloomberg que la suspension concerne le matériel militaire américain qui ne se trouve pas actuellement en Ukraine, y compris les armes transportées par avion et par bateau ou qui attendent dans des zones de transit en Pologne. « Pour l’Ukraine, cela revient à bloquer une artère majeure qui la maintient en vie. La dernière fois que cela s’est produit, en raison de désaccords politiques au sein du Congrès américain, le président Zelensky a déclaré que l’Ukraine avait perdu des vies et des territoires directement en conséquence », a expliqué James Waterhouse, correspondant de la BBC en Ukraine, depuis Kiev.
Cette décision fait suite à la rencontre tendue de vendredi dernier entre Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale, qui s’est terminée sans la signature d’un accord sur les terres rares ukrainiennes. « Le président a clairement indiqué qu’il se concentrait sur la paix. Nous avons besoin que nos partenaires s’engagent également dans cette voie. Nous faisons une pause et réexaminons notre aide pour nous assurer qu’elle contribue à une solution », a déclaré un responsable de la Maison Blanche à CBS News, partenaire américain de la BBC.
Le secrétaire d’État Marco Rubio a publié une déclaration après l’annonce de la nouvelle dans laquelle il affirme que « le président Trump est le seul dirigeant au monde qui a maintenant une chance de mettre fin à la guerre en Ukraine et de le faire de manière durable ». « Nous voulons amener les Russes à la table des négociations. Nous voulons examiner si la paix est possible », a déclaré M. Rubio. Entre le début de 2022 et la fin de 2024, les États-Unis ont fourni 69 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, selon le groupe de réflexion allemand externe Kiel Institute.
Plus de pression pour Zelensky
L’annonce des États-Unis accroît la pression sur le président ukrainien, dont Washington attend qu’il signe un accord sur l’exploitation des ressources minérales de son pays par des entreprises américaines et que M. Trump a accusé, lors de son désaccord dans le bureau ovale, de « ne pas être prêt pour la paix ». M. Zelensky a déclaré dimanche 2 mars qu’un accord de paix « est encore loin, très loin ». Pour sa part, M. Trump a déclaré lundi 3 mars dans un message sur son réseau social, Truth Social, qu’il s’agissait du « pire message que M. Zelensky aurait pu envoyer et que l’Amérique ne le supporterait pas plus longtemps ». Peu après, la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine a été annoncée.
Les responsables de la Maison Blanche ont déclaré que cette pause serait temporaire jusqu’à ce que le président Trump détermine que l’Ukraine peut démontrer un « engagement en faveur des négociations de paix » avec la Russie. « En gros, l’administration Trump veut que le président Zelensky signe l’accord sur les minerais et « fasse la paix » avec la Russie, sans lui donner les garanties de sécurité qu’il souhaite », peut-on noter.
Le vice-président américain JD Vance, qui a joué un rôle de premier plan dans la prise de bec télévisée avec M. Zelensky à la Maison Blanche, a déclaré dans une interview à Fox News enregistrée quelques heures avant que la suspension de l’aide militaire à l’Ukraine ne soit connue que « M. Zelensky a clairement montré qu’il n’était pas disposé à s’engager dans le processus de paix » et a ajouté que « cela lui retombera dessus un jour ou l’autre ».
Un soutien essentiel
Les États-Unis et leurs alliés européens de l’OTAN soutiennent l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe en 2022. L’administration Biden a approuvé des millions de dollars d’aide, que M. Trump n’a cessé de critiquer, qui ont aidé les forces ukrainiennes à contenir l’avancée russe. Les principaux pays européens, réunis dimanche à Londres avec le Canada et la Turquie, ont promis à M. Zelensky de continuer à envoyer une aide militaire à l’Ukraine et ont présenté une proposition de paix qui inclut le respect de la souveraineté ukrainienne. Mais même le Premier ministre britannique Keir Starmer, son principal promoteur, a déclaré que sa viabilité dépendait des garanties de sécurité des États-Unis, auxquelles le président Trump a jusqu’à présent refusé de s’engager.
Que peut faire Zelensky ?
S’excuser auprès du président Trump ? Accepter quand même l’accord sur les minerais ? Il semble que ce soit ce que souhaite l’administration Trump : elle rend le président Zelensky responsable de la rupture, l’accusant à tort de ne pas avoir suffisamment remercié les États-Unis pour l’aide fournie. Cette mesure extraordinaire de suspension de l’aide est clairement destinée à faire pression sur le chef de guerre et à le forcer à faire des concessions. Mais le président Zelensky a déjà dit qu’il le ferait.
Dans une interview donnée l’année dernière, il a suggéré d’accepter que les territoires perdus par l’Ukraine restent sous le contrôle de la Russie. Il a toutefois déclaré que l’Ukraine non occupée pourrait se voir proposer l’adhésion à l’OTAN. Ce mois-ci, il est allé jusqu’à dire qu’il était prêt à démissionner en échange d’une adhésion à l’OTAN. Toutefois, le président Trump a exclu que Kiev rejoigne l’alliance, conformément au point de vue de Moscou. Trump n’a jamais dit quelles concessions il souhaitait que la Russie, qui a envahi l’Ukraine, fasse.
Source : bbc.com
