Toute première femme commandante des douanes hors échelle au Cameroun, patronne de l’opération HALCOMI (Halte au commerce illicite) pour la zone 2 (Centre, sud et est) au sein de la douane camerounaise, femme politique, Madame Blanche Mabeb A Matchan Epouse Yoh, parle de son parcours, des difficultés qui sont les siennes dans son environnement professionnel, de sa vie socio politique et se prononce sur la pandémie actuelle, la covid19.
frontieresdafrique.com : Madame la commandante, merci de recevoir la rédaction de frontieresdafrique.com, Magazine panafricain d’informations générales. Que pouvons-nous retenir de votre parcours ?
Madame Blanche Yoh : Je suis Blanche YOH de nationalité camerounaise, mariée, mère d’enfants. Je travaille à la Direction Générale des Douanes où je m’occupe présentement de la Mission Spéciale « Halte au Commerce Illicite » en abrégé « HALCOMI »en tant que Coordonnateur de la Zone 2 qui couvre le Centre, Sud, et Est. Nous sommes à la phase 3 de ladite Mission.
Après mes études supérieures, j’ai été admise à un concours de bourse qui m’a permis d’accéder à la grande Ecole Nationale des Douanes françaises basée à l’époque à Neuilly sur Seine. Je suis de la 44éme session des Elèves- Inspecteurs des Douanes. Et j’ai été par la suite à l’Ecole Nationale des Douanes de la Rochelle d’où, je suis sortie nantie du diplôme d’Inspecteur de Surveillance.
J’ai été formée en France. Actuellement je suis Commandante des Douanes Hors Echelle.
Quelles peuvent être vos difficultés dans le milieu professionnel ?
Les difficultés sont énormes étant donné que ce n’est pas tout le temps qu’on retrouve une dame Commandante des Douanes chevronnée dans l’exercice de ses fonctions. En tant que première femme Officier des Douanes ce n’était pas évident de se retrouver parmi les hommes de même grade. Savez-vous que le poste de Commandant est le grade le plus élevé dans le corps d’active des Douanes ? J’ai atteint le plafond de la fonction publique catégorie A2. Aujourd’hui nous sommes nombreuses dans ce grade, ce n’est plus un problème, excepté les petits complexes qui laissent penser que les femmes ne peuvent pas faire certaines choses autant que nos collègues de la gent masculine, ce qui n’est plus le cas de nos jours. Les difficultés il y en a partout comme dans d’autres corps de métiers, on essaie de les transcender tout simplement.
Comment conciliez- vous votre travail, votre rôle d’épouse, de mère et vos activités associatives ?
Il n’est pas toujours évident de concilier le travail, le rôle de mère, épouse et autres activités. Je m’en sors parce qu’ayant capitalisé une certaine expérience dans l’exercice de mes fonctions, je sais m’organiser et je m’en sors bien. De lundi à vendredi, parfois certains samedis, je suis occupée par le boulot. Lorsqu’il n’y a pas d’urgence le week-end, je m’occupe de ma petite famille. En semaine donc, je donne les consignes à la ménagère par rapport à ce qu’il y a à faire. Le week-end, moi-même je fais la cuisine pour mon époux, surtout que je me débrouille bien dans ce domaine. Donc ne pensez pas que je ne fais que de la douane dans la vie car ma mère m’a appris à concocter de bons petits plats du terroir et ce n’est pas mon époux Félix YOH qui me démentirait. Je tourne bien le couscous de maïs, l’un des principaux plats des mbamois, les « bitossos », « le ndole », « la sauce gombo » accompagné du couscous de manioc, « le poisson à la braise » avec de bons condiments, mais moi je le fais au four et non au charbon, « le mets de pistache » et la liste n’est pas exhaustive. Le dimanche nous mangeons uniquement des légumes, essentiellement BIO.
J’appartiens à plusieurs associations féminines où j’occupe tour à tour les postes de Présidente, de Vice- Présidente, ou encore de Secrétaire. Mais avec la présence du CORONAVIRUS, les membres se réunissent de moins en moins, les transactions se font par transfert d’argent, les discussions se passent sur les réseaux sociaux à travers des foras. Je peux vous citer quelques noms d’associations auxquelles j’appartiens, « la Mutuelle Mbamoise » qui regroupe les mbamois, mon époux et moi y sont à ce titre, « la Différence Mbamoise » qui regroupe les femmes qui se sont mariées aux mbamois et même les femmes ressortissantes du Mbam et Kim ainsi que du Mbam et Inoubou, l’Association des Femmes des Douanes camerounaises dont je suis la déléguée de la zone qui couvre les régions du Centre, du Sud et de l’Est ,association créée par l’ancienne DG, aujourd’hui Ministre des Postes et Télécommunications, et bien d’autres associations que je ne peux citer ici.
Parlons du coronavirus, puisque vous l’avez évoqué. Le monde est menacé depuis quelques mois par cette pandémie, pas encore maitrisée. Quel impact dans le secteur de la douane camerounaise ?
Tous les secteurs d’activités ont été affectés et l’administration des Douanes n’est pas en reste. Au niveau des exportations, les frontières ont été fermées, ce qui n’est pas du tout facile. C’est maintenant que les choses se déconfinent progressivement, ce n’est pas encore ça, mais je puis vous dire que cette pandémie a eu des répercussions énormes sur les recettes douanières. Il est vrai qu’au Cameroun, le confinement n’a pas été total aux femmes de notre administration mais nous les responsables n’avons pas connu de moment de répit car nous travaillons régulièrement. Sinon comment l’Etat ferait-il pour payer les fonctionnaires et agents étant donné que nous sommes chargés de la collecte des recettes et autres ? Je prie tous les jours le Seigneur pour l’éradication définitive de ce fléau. Quand cela commençait à Wuhan, en Chine, on était loin d’imaginer que cette COVID 19 arriverait au Cameroun et causerait autant de dégâts tant sur le plan social, culturel et économique. Du côté social à cause des décès au sein des familles, sur le plan culturel par exemple, la journée internationale de la musique qui a eu lieu ce 21 juin 2020 est passée inaperçue, la fermeture des frontières, bref… l’impact est là. Vivement que ça finisse et que la vie reprenne son cours.
Et si nous parlions de votre vie politique
Je suis Grande conseillère par ailleurs Vice- Présidente de la Commission des finances à la Mairie de la Ville de Yaoundé, et en même temps Conseillère Municipale à la Commune d’Arrondissement de Yaoundé 4.
Je n’avais jamais rêvé un seul instant faire politique dans ma vie. Mon papa était Préfet, mais il n’était pas un homme politique en tant que tel. Personne dans ma famille n’a fait politique. Quand on me nomme première femme commandante d’une Subdivision Active Port-exportation en l’an 2000, je suis dans mon bureau, feue maman FOHNING Françoise comme nous l’appelions si affectueusement, envoie vers moi une délégation me chercher. C’est au cours d’une rencontre qu’elle me fait comprendre qu’elle aimerait me tenir par la main pour cheminer avec elle en politique car elle vient d’apprendre que je suis une brave femme sur le plan professionnel et c’est pourquoi j’ai été nommée à ce poste aussi délicat. Par ailleurs depuis qu’elle côtoie le secteur douanier, elle n’avait pas encore rencontré une femme avec une telle carrure. C’est ainsi que j’ai accepté de la suivre suite à sa cooptation et lui dit tout de même que je devais essayer car je n’avais jamais fait de la politique. J’avais donc commencé comme simple membre à la Sous-Section OFRDPC de Makepe Logponn, après je suis passée Déléguée au Conflit et Présidente de la même Sous- Section. C’est quand les services centraux de la Direction Générale des Douanes déménage pour Yaoundé que je quitte aussi Douala et démissionne pour continuer mes fonctions à Yaoundé où j’avais été accueillie à la Commune d’Arrondissement de Yaoundé 4 par le Feu Théophile ABEGA, ancien maire de la Commune d’Arrondissement de Yaoundé 4 et ancien Lion Indomptable qui a fini par nous quitter de façon brusque. Grâce à mon « Aura » politique j’ai vite été coptée comme Conseillère Municipale, je suis à mon deuxième mandat. Puis depuis février 2020, j’ai été élue comme Grande Conseillère à la Mairie de la Ville de Yaoundé. Je suis satisfaite de ce parcours politique bien que ce soit un travail de longue haleine, je ne compte d’ailleurs pas m’arrêter en si bon chemin ce d’autant plus que si je ne méritais pas la confiance de mes camarades du RDPC et des électeurs, je ne serai pas à ce niveau. C’est grâce au travail abattu au profit des populations et de notre électorat que nous avons connu cette victoire.
J’ambitionne de devenir un jour Députée de la nation et pourquoi pas Sénatrice ? Etant donné que le maçon a toujours été jugé au pied du mur, je souhaiterais que la hiérarchie du parti me mette à l’épreuve.